En parallèle du match des Bleus à Toulouse contre le Japon, qui pourrait permettre aux hommes de Galthié de conclure invaincus une année historique, une autre équipe de France, plus atypique, jouera samedi contre les Fidji : les Barbarians. Présentation d’une sélection qui sent bon le rugby d’antan.
Jamais avare de particularismes, le rugby a toujours su garder ses traditions et ses valeurs au cœur de son fonctionnement. Symbole de ce romantisme conservé, l’existence des Barbarians français, qui seront encore de sortie ce week-end au Stade Pierre Mauroy contre les Îles Fidji. Créé en 1979 par des joueurs de l’Équipe de France (Jacques Fouroux, Jean-Pierre Romeu, Jean-Claude Skrela ou Jean-Pierre Rives), ce club sur invitation promeut une certaine idée du jeu. Son manager, le mythique ouvreur du Stade Toulousain et des Bleus Denis Charvet, nous a expliqué son mode de fonctionnement.
C’est quoi les barbarians ?
Au départ, il y avait les Barbarians britanniques et Jacques Fouroux et Jean-Pierre Rives leur ont demandé de pouvoir créer les Barbarians français. C’est un club mais c’est surtout une province libre du rugby avec une philosophie de plaisir avant tout. Notre devise, c’est « le jeu et l’esprit »
Vos liens avec la FFR ?
Ils sont profonds. Déjà, pour avoir le droit de disputer des matches, il nous faut une convention que nous donne la FFR. Nous sommes un club particulier parce que les joueurs nous les sélectionnons, ils ne sont pas sous contrat avec nous, on ne les paie pas. Ensuite, la FFR nous accompagne aussi financièrement pour notre fonctionnement.
Sur quels critères on sélectionne un Barbarian ?
On accorde autant d’importance à l’esprit de l’homme qu’aux capacités du sportif. On veut des bons mecs et, en 30 ans, je n’ai pas connu beaucoup de brebis galeuses, de boules noires. Je le dis souvent, même si nous, les anciens, sommes les garants d’une philosophie, les Barbarians, ce sont d’abord les joueurs !
Une équipe de France A’ ?
Pas vraiment, même si je suis proche de Fabien Galthié, nous sommes complètement indépendants dans nos choix, nos envies. Cette liberté est primordiale, nous voulons rester une province libre. Après, il arrive que des mecs se mettent en valeur en faisant de gros matches avec nous et que ça soit un tremplin pour les Bleus.
Comment expliquer les performances d’une équipe qui, sans automatismes, arrive à joueur un super rugby ?
C’est un miracle permanent, ça me bluffe tout le temps ! On a récemment battu l’Australie, les Tonga qui sont des équipes nationales, cette réussite est assez irrationnelle et inexplicable. Ça vient peut-être de l’esprit de liberté des joueurs. Les Barbarians, c’est une respiration pour les joueurs, ça n’est que du plaisir et ça se ressent sur le terrain. Mais attention, liberté ne rime pas avec faire n’importe quoi, cette liberté qu’ils s’octroient vient avec une prise de responsabilité. C’est peut-être l’explication de notre succès.
Votre meilleur souvenir comme Barbarian ?
Comme joueur, il y en a pleins, mon dernier match à Dublin où on gagne ou une autre victoire en Australie. Et puis, être manager des Barbarian, c’est toute ma vie, ça me correspond. J’essaie de transmettre comme Jacques Fouroux ou Jean-Pierre Rives, notre président, me l’ont transmit. Être Barbarian, ça change un homme !