L’équipe de France aura l’occasion, dans les jours à venir, de peaufiner ses schémas tactiques pour le prochain Euro, qui se jouera chez nos voisins allemands. Après une campagne réussie, il ne faudra pas de fausses notes dans la dernière ligne droite. Et faire le boulot jusqu’au bout, avec le sérieux qu’on connaît aux équipes entraînées par Didier Deschamps. L’occasion aussi, pourquoi pas, de voir ce que la relève peut apporter dans les mois et années à venir.
Plus que deux rencontres et le sentiment du travail bien fait sera le mot d’ordre pour cette équipe de France. Samedi c’est contre Gibraltar que la sélection devra engranger une septième victoire en autant de matchs. Un adversaire modeste, bien à la portée d’une équipe qui n’a pas connu le moindre accroc dans cette phase de qualification. Puis il faudra enchaîner avec la Grèce, qui elle aura encore peut être son avenir entre ses mains. Une seconde opposition plus relevée, pour, une dernière fois, se rassurer… Une dernière semaine de répétition avec deux schémas de jeu qui devraient être bien différents. Contre Gibraltar, il faudra sans aucun doute s’attendre à un bloc très bas. Je ne vous promets pas un spectacle de soir de fête contre la 201e nation au classement FIFA. Il faudra de la patience, de la maîtrise et une bonne dose de persévérance pour ne pas s’agacer aux abords de la surface adverse. Un bon exercice de style avant d’aller défier nos amis grecs, qui devraient nous proposer un combat au milieu de terrain et dans nos trente derniers mètres, avec cette obligation de marquer et gagner pour espérer se qualifier. Un second match où les joueurs avec de l’impact et de la percussion devraient avoir de quoi faire étalage de leurs talents. Et je vous vois venir, bande de petits malins, quand je parle de joueur de percussion, vous pensez à la sensation du moment, un titi de 17 piges au nom à rallonge…. Patience, nous allons y venir…
UNE LISTE LOGIQUE
Bien sûr, on connait tous Deschamps et sa phobie des changements. Le sélectionneur des Bleus est un adepte de la continuité, même si cela doit parfois aller contre la logique populaire. Il aime avoir ses hommes de base, ses lieutenants de confiance, ceux qui acceptent et véhiculent son état d’esprit aux nouveaux. On peut parler de Maignan, dernier rempart, que DD adore. Les frères Hernandez, Upamecano et même un garçon comme Rabiot, qui une fois revenu dans le rang, symbolise bien ce que Deschamps attend de ses expérimentés. En attaque, les Mbappé, Griezmann ou Coman ont leur passeport à vie en Bleu. Giroud est peut-être le seul en qui l’entraineur ne croyait plus. Il a prouvé encore, sur le terrain, ces derniers mois, qu’il était indispensable. La qualification déjà en poche, il sera important de mettre ces quelques jours ensemble à profit pour intégrer les plus jeunes et mettre en place les différentes options à la disposition du sélectionneur. Rien de neuf sous le soleil de Clairefontaine ? Oh que si… Parce que ne pas aimer le changement, ne veut pas dire, ne pas préparer l’avenir. Et on voit pointer, au loin, de nouveaux visages, qui disons le…. donnent envie d’être observés sous la tunique nationale.
LA RELÈVE SE DESSINE
Quand je vous parle du futur de la sélection, vous pensez immédiatement aux jeunes pousses qui ont déjà enfilé le maillot bleu. Camavinga, Thuram, Todibo, Tchouameni ou encore Kolo Muani. Ce devrait être l’ossature dans les échéances futures. Au rythme des départs des plus anciens, ce sont les noms qui seront des titulaires indiscutables dans peu de temps. Mais chaque génération à son OVNI, son talisman. Celui qui bonifie par sa seule présence sur la pelouse un collectif. Platini, Zidane, Mbappé… à chaque époque son idole, son modèle. Celui qui pourrait faire battre le cœur de la génération actuelle porte un nom. Warren Zaïre Emery.
WARREN WHAT ELSE ?
Il faut bien reconnaître qu’au jeu de la précocité, le milieu de terrain du Paris SaintGermain fait très fort. Dans un club qui n’est pas réputé pour conserver ses jeunes et leur donner une chance, il a ouvert les portes. Et à grands coups de pied. Sûr de sa force, il s’est peu à peu imposé, après avoir eu un peu de temps de jeu la saison dernière. Cette année, le statut est bien différent. Véritable pierre angulaire dans l’entre-jeu parisien, il est devenu un incontournable pour son coach. Au point d’être une des seules satisfactions lors de match où le PSG n’a pas été à son avantage. Intelligent, puissant, percutant et avec l’insouciance de son jeune âge, il a vite conquis Thierry Henry, qui lui a confié le brassard de capitaine des espoirs. Deux matchs plus tard, il est appelé par Deschamps. Un sélectionneur qui, une fois n’est pas coutume, s’est laissé aller à son sentiment personnel sur le très jeune Warren : “Il est précoce parce qu’il a été bien préparé, parce que c’est lui, par ce qu’il est capable de faire sur le terrain, de dégager en termes de majorité. Chacun a sa propre personnalité, son caractère, ce n’est pas pour rien qu’il est là où il est avec son club, ce qu’il a été capable de réaliser avec de la continuité et là le bonheur qu’il a de nous rejoindre en équipe de France A.”
Dans un poste de récupérateur, que son sélectionneur a occupé toute sa carrière, il ne pourra trouver meilleur que Deschamps pour le mettre dans les meilleures conditions. Même si du propre aveu de DD, il ne subira aucun traitement de faveur. Pour ce rassemblement, il portera le numéro 8, habituellement réservé à Aurélien Tchouameni, absent pour blessure. Pour mettre un peu plus la pression sur les habituels titulaires du poste, qu’il compte bien occuper le plus vite possible. Car Zaïre Emery est un ambitieux, c’est un trait de ceux qui réussissent. S’il venait à rentrer au cours d’un des deux matchs, il serait à 17 ans et 8 mois, le plus jeune joueur de l’histoire de l’équipe de France à disputer un match depuis 1914. Mais cela ne lui fait pas peur. Faire tout plus vite que les autres, c’est un peu sa marque de fabrique.