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Après deux saisons plutôt réussies en prêt en Belgique (36 buts en 57 apparitions), à Seraing plus précisément, Georges Mikautadze (22 ans) obtient enfin du temps de jeu à Metz, où son coach actuel, László Bölöni, a décidé de lui laisser sa chance. Certes, en Ligue 2, mais avec l’ambition de remonter dès cette saison parmi l’élite du football français, là où il veut laisser une trace.
Auteur de sept réalisations lors de ses dix derniers matchs de Ligue 2, Georges Mikautadze a bel et bien retrouvé son costume de serial buteur. Le déclic ? Son triplé face au Paris FC juste avant la trêve internationale liée à la Coupe du Monde au Qatar. L’attaquant qui compte 13 sélections avec l’équipe nationale de Géorgie est d’ailleurs l’actuel meilleur buteur de L2 (14 buts). “Je ne me l’étais pas vraiment imaginé en avant-saison. Comme attaquant, j’essaie simplement de marquer à tous les matchs.” Marquer, mais aussi faire marquer. Le petit format messin (1,76 m ; 71 kg) compte aussi sept passes décisives. Plutôt pas mal pour un avant-centre obnubilé par la cage adverse. “Un numéro 9 a besoin de ses coéquipiers. Mais leur rendre la pareille de temps en temps, ça me tient aussi à cœur”. Pourtant son début de carrière n’a pas été tout rose et il a dû s’accrocher pour en arriver là où il est aujourd’hui. Le natif de Gerland a commencé sa formation du côté de l’OL. Membre de la génération 2000 comme Amine Gouiri, Georges Mikautadze a vu son rêve de jouer pour son club formateur s’envoler en U15. “Je pense que je n’étais pas encore prêt physiquement. J’avais de la technique, j’étais adroit devant le but, mais je mesurais seulement 1 mètre 40. À 14 ans, je n’étais pas encore bien développé, j’étais vraiment tout petit et tout maigre à côté des jeunes de ma génération comme Amine Gouiri. Ils mesuraient déjà tous 1 mètre 70 et étaient bien plus étoffés. À cet âge-là, la concurrence commençait à devenir plus forte et je pense que mon gabarit n’était pas suffisant. Quand tu es un petit Lyonnais, tu rêves de jouer à l’OL.” Non conservé par Lyon, Mikautadze va rebondir pendant deux saisons à Saint-Priest où il attirera l’attention du FC Metz. La déception de ne pas être professionnel à l’OL n’est désormais qu’un lointain souvenir. Actuellement en pleine bourre avec le club lorrain, il a la pleine confiance de son coach et il peut enfin montrer toutes ses qualités et prouver de quoi il est capable. “Je marque, on gagne beaucoup de matchs et on remonte au classement, c’est positif. On garde l’objectif du début de saison en point de mire, c’est-à-dire la montée (Metz est actuellement 4e à 9 points du Havre)”. Du sauvetage en D1 belge à la lutte pour la promotion en Ligue 2 française, ce changement forcément radical dans la physionomie des matchs disputés n’est pas pour lui déplaire. “Ça change tout. Ici, j’ai plus d’occasions sur 90 minutes et je marque plus souvent. Mais cela veut aussi dire que je dois être constamment en forme et décisif. Ça tombe bien, j’adore ça. Il y a une certaine pression évidemment, mais il faut faire avec. Le coach me demande davantage de travail défensif, d’être systématiquement avec le bloc en perte de balle. En revanche, offensivement, j’ai pratiquement carte blanche. Il me laisse énormément de liberté et j’essaie de lui rendre la confiance qu’il m’accorde.” Fan de Cristiano Ronaldo, surtout de sa capacité de travail, Mikautadze est issu d’une famille géorgienne installée à Lyon. Et quand le coach… français de la sélection géorgienne Willy Sagnol l’a contacté en mars dernier pour le triple match contre la Suède, l’Espagne et la Grèce, il n’a pas hésité. ” Mes racines sont en Géorgie, j’y ai encore de la famille. Ma famille est ravie de me voir porter le maillot national. Mon premier match, c’était contre la Suède d’Ibrahimovic ! Et le suivant, contre l’Espagne, j’étais blessé mais j’ai croisé Sergio Ramos et Tiago Alcantara ! Incroyable : des joueurs que vous voyez à la télé depuis tout petit, et que vous matchez après sur un terrain ! Zlatan, il est phénoménal, fidèle à son image : il n’arrêtait pas de nous insulter et de parler à l’arbitre ! Ça s’appelle l’expérience… Mais s’il fallait le tacler, pas de hiérarchie ou de respect : en match, on met le pied ! Après, je n’ai pas essayé d’avoir son maillot : pour une première sélection, on garde son propre maillot ! Il est chez mes parents, à Lyon… L’avenir ? On espère bien aller à un Euro ou un Mondial. Pour l’Euro 2020, on a perdu de justesse le match décisif contre la Macédoine, sinon on y allait ! Mais ce n’est pas grave : on apprend de nos erreurs”.
Après l’anonymat de Seraing et quelques sélections en équipe nationale, le jeune attaquant messin découvre les feux des projecteurs cette saison. Que ce soit au stade, où il est devenu l’une des coqueluches de Saint-Symphorien, ou dans la rue, cette nouvelle notoriété ne semble pas le déranger.
“Si mon statut a changé ? Un petit peu. C’est grâce aux résultats et aux buts que j’ai marqués. Je le vois sur les réseaux sociaux. Contre Nîmes, quand je suis sorti, j’ai eu droit à une petite ovation. Petit à petit, on commence à me reconnaître dans la rue”. Mais de quoi sera fait l’avenir du Géorgien ? Au centre des angoisses des travées messines, la poursuite de son parcours en Moselle est certainement déjà l’un des enjeux de l’été 2023 au FC Metz. Lui le prend tranquillement, comme d’habitude, mais ne cache pas ses préférences. “Bien sûr que je pourrais rester. Nous jouons la montée, donc en cas de promotion, pourquoi ne pas rester ici ? Un autre championnat qui me correspondrait bien ? J’ai toujours dit que j’aimais bien le championnat anglais.” Burnley le suivait lors du mercato d’hiver mais également des clubs italiens comme l’Udinese et le Genoa.
Comme quoi, parfois, un prêt est la meilleure solution pour grandir et devenir un meilleur joueur. Ses deux saisons en Belgique ont fait de lui un international et un joueur qui compte dans une équipe du haut de tableau de la Ligue 2. Le début d’une belle carrière ? L’avenir nous le dira.