LA FUITE DES TALENTS

Comme tous ses voisins européens, l’Angleterre n’a pas été épargnée par l’offensive saoudienne lors de ce mercato d’été. De grands noms sont allés rejoindre les rangs d’équipes dont le nom ne parlait à personne ou presque il y a encore six mois. Zoom sur cette fuite des talents.

LES RETRAITES DOREES

Certains ont fait le choix d’aller s’assurer un dernier gros contrat avant de raccrocher les crampons. Qui peut le leur reprocher. Proche de la fin, ils ont pris une décision qui semble logique. N’golo Kanté a été l’un des meilleurs milieu de terrain de sa génération. Champion du monde avec la France et vainqueur de la Ligue des Champions avec Chelsea. Après avoir subi une grave blessure qui l’a privé de compétition pendant presque un an, Kanté a choisi de s’envoler pour l’Arabie Saoudite et de signer au club d’Al-Ittihad avec son compatriote Karim Benzema. Riyad Mahrez, l’attaquant algérien, qui vient de remporter la Ligue des Champions avec Manchester City, a signé un contrat avec Al Ahli. L’information a été confirmée après des semaines de spéculations et de fausses rumeurs sur son avenir. Riyad Mahrez rejoint un club ambitieux qui compte déjà dans son effectif des joueurs de renom comme Édouard Mendy et Roberto Firmino. Fabinho a lui aussi fait ses valises et a quitté Liverpool pour Al-Ittihad. Le Brésilien de 29 ans, qui a soulevé la coupe aux grandes oreilles avec les Reds en 2019, s’envole pour la Saudi Pro League après une carrière pleine en Europe.

LES TRES BONS COUPS

Ce qui fait une différence notable dans le projet saoudien, à l’inverse d’autres qui se sont cassé la gueule (Chine, Russie etc…) par le passé, c’est la volonté, dès la première saison, de ne pas se cantonner à des joueurs en fin de course. Mais bel et bien d’attirer des garçons qui auraient sans aucun problème trouver leur place parmi les grands clubs européens. On pense immédiatement à Ruben Neves. Après avoir passé six ans sous les couleurs des Wolves, le milieu de terrain portugais a dit au revoir à l’Angleterre pour rejoindre l’Arabie Saoudite. Le joueur de 26 ans s’est engagé avec Al-Hilal, le champion en titre, pour un montant de 60 millions d’euros, ce qui constitue un record pour le club et le championnat local. On peut ajouter Mendy, gardien de Chelsea dont la cote restait assez élevée en Europe mais qui lui aussi a été envoûté par les dollars du désert. Combien de clubs auraient voulu être l’équipe qui relance le solide Koulibaly, dont personne n’a oublié les performances sous le maillot de Naples avant de se perdre chez les Blues. Tous ces joueurs montrent bien l’attrait massif et la stratégie intelligente à moyen / long terme de l’État, principal instigateur de cette nouvelle politique sportive. La Saudi Pro League ne veut pas être un feu de paille.

LES TÊTES DE GONDOLE

Comme tout bon film, qui doit avoir son acteur phare, un championnat naissant doit s’offrir des hommes capables de lui apporter la lumière aux quatre coins du monde. Benzema, Neymar et Sadio Mané, le trio magique venu renforcer l’incroyable attrait généré par Cristiano Ronaldo quelques mois avant eux. Une plus value sportive bien sûr, mais pas que… Ces investissements massifs dans le football s’inscrivent dans une stratégie plus globale du royaume saoudien, qui cherche à se faire une place sur la scène internationale et à améliorer son image, souvent ternie par les accusations de violations des droits de l’homme. En s’appuyant sur le soft power du football, l’Arabie saoudite espère attirer les touristes, les investisseurs et les médias, et ainsi diversifier son économie, encore trop dépendante du pétrole. Et l’objectif ultime est à peine masqué. Obtenir la Coupe du monde dans un délai raisonnable d’une dizaine d’années. A l’image du voisin qatari, le football doit être la clé qui fera sauter le verrou, et permettra à la Fifa d’attribuer un mondial au pays, sans que cela ne soulève trop d’indignation. Et ce n’est que le début d’un football en pleine mutation.

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