Décidément cette équipe de France va de déception en déception. N’ayant pas réussi a s’imposer face à la Pologne, adversaire le plus faible du groupe, les voilà reversés dans la partie de tableau la plus compliquée de cet Euro. Première étape : la Belgique.
Que les choix de Didier Deschamps laissent parfois (voire souvent) à désirer, c’est une chose, que le jeu prôné par l’équipe de France ne soit pas le plus chatoyant, c’est une chose, mais jusque-là nos Bleus prouvaient sur le terrain que peu importe les hommes ou la manière, les résultats étaient là. Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment le cas, avec une équipe de France qui affiche un niveau de jeu inquiétant, surtout sur le plan offensif…
LE FLOU ARTISTIQUE
Didier Deschamps nous laisse une impression particulièrement inquiétante depuis le début de la compétition. Il donne l’impression de tâtonner sur le plan tactique, sans jamais vraiment trouver la bonne formule. On a d’abord commencé avec un milieu en double pivot accompagné par un Griezmann plus offensif, une animation qui s’était montrée solide et complète face à l’Autriche, où Kanté et Rabiot avaient montré une complémentarité exceptionnelle. Sauf que Didier Deschamps a tout changé, il a voulu incorporer Tchouameni aux côtés de Kanté, pour décaler Rabiot milieu gauche, comme Matuidi avait pu le faire en son temps. Le résultat ne fut pas concluant, tout d’abord parce que Rabiot n’a eu que du déchet sur les phases offensives. Si on pense bien évidemment à cette action incroyable où il doit finir seul face à la cage, il a également loupé tous les centres qu’il a pu tenter et n’a jamais su profiter des bons ballons en profondeur. Peut-on lui en vouloir ? Non, ce n’est pas son poste. Quant à Tchouameni, il n’a rien apporté, au contraire, on ne retrouve ni l’impact, ni la qualité sur les sorties de balles du premier match. Le Madrilène qui n’avait pas joué depuis plus d’un mois (blessure), manque de rythme et ça se voit. Et enfin, même Kanté s’est montré un peu moins à son aise, surtout sur le troisième match, face à la Pologne, dans une animation en 4-3-3. Dans un rôle plus offensif qu’à l’accoutumée il a manqué de justesse dans les derniers gestes et a semblé parfois un peu perdu. Là encore difficile de lui en vouloir quand ce sont les choix de son sélectionneur qui le mettent dans des conditions difficiles…
MBAPPÉ, LA SOLUTION MAIS AUSSI LE PROBLÈME
Si Kylian Mbappé est bien évidemment LE joueur capable de faire la différence pour l’équipe de France, il représente également une problématique tactique handicapante pour les Bleus. C’est le domaine le plus alarmant jusque-là : l’attaque. Deux buts marqués seulement en trois matchs, un but contre son camp et un penalty. C’est pauvre, très pauvre, même pour les Bleus de Didier Deschamps, qui malgré leur grande solidité défensive, ont toujours pu s’appuyer sur une attaque performante pour réaliser les magnifiques parcours précédents. Meilleure attaque du dernier Mondial, 2e meilleure du Mondial 2018 et meilleure attaque de l’Euro 2016. Sauf qu’à chaque fois, la structure offensive des Bleus était claire. Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui, la faute à la problématique du positionnement de Kylian Mbappé. L’aligner à gauche serait la meilleure option. Avec un joueur comme Giroud dans l’axe pour occuper les défenses, jouer les pivots et amener de la présence dans la surface. Malheureusement impossible pour DD, car le manque total de travail défensif de Mbappé met en péril la structure défensive de l’équipe. Alors nous voilà avec Kylian en pointe, par défaut, un poste qu’il passe son temps à fuir pour retourner constamment sur son aile gauche. Résultat, il n’y a jamais personne dans cette surface de réparation, ce qui est évidemment problématique quand on veut marquer des buts… C’est d’ailleurs ce que Youssouf Fofana a pointé du doigt après le match nul (1-1) face à la Pologne : “On a fait les centres justes, on a fait le geste juste mais il y a le facteur chance qui doit basculer de notre côté, c’est tout. […] ou soit le joueur qui devait être dans cette zone-là n’était pas présent à ce moment-là.”. La question qui se pose, c’est comment est-ce possible que Kylian Mbappé, considéré comme l’un des meilleurs joueurs de la planète, doive être positionné par défaut sur le terrain ? N’estil pas possible pour Deschamps de lui donner des consignes claires à respecter ? Faut-il réellement le laisser jouer où il veut, quand il veut, comme il veut ? En tout cas pour le moment c’est un échec…
UNE BELGIQUE TRÈS POUSSIVE
Il est clair que les coéquipiers d’Antoine Griezmann ne se sont pas facilités la tâche en faisant ce triste match nul face à la Pologne. Les voilà dans la partie de tableau la plus compliquée, avec les plus grosses têtes d’affiches : Espagne, Allemagne ou encore Portugal. Heureusement pour eux, la Belgique n’en est pas une, loin de là. Dans un groupe E d’un niveau catastrophique (avec Roumanie, Slovaquie et Ukraine), ils n’ont pas su faire mieux qu’une deuxième place, avec eux aussi seulement deux buts au compteur. Dans la globalité, les productions belges étaient d’une grande pauvreté, dans beaucoup de secteurs et la magie peut venir de deux hommes, Kevin De Bruyne et Jeremy Doku. Les deux Citizens ont certaines habitudes de leur saison commune en club et le jeune ailier, par sa vitesse et sa technique va imposer un vrai défi à Jules Koundé.
ROMELU LUKAKU, MANQUE TOTALE DE RÉUSSITE
Du reste, il faudra espérer que Romelu Lukaku garde sa grande inefficacité. Toujours aussi mobile et disponible, il pêche jusque-là à la finition. Déjà auteur de trois buts refusés par la VAR, il semble manquer un peu de confiance au moment de conclure. Face à l’Ukraine il avait d’ailleurs plusieurs fois l’occasion de donner l’avantage aux siens, mais son geste n’a malheureusement jamais été suffisamment juste. Néanmoins, ses coéquipiers, comme le Rennais Arthur Theate, se sont voulus rassurant : “Il est dans un bon état d’esprit, il crée beaucoup d’occasions. S’il continue comme ça, je suis sûr qu’il marquera beaucoup de buts.”
DES SUPPORTERS EN COLÈRE
Évidemment, comme tous les observateurs et passionnés de football, les supporters Belges n’ont pas du tout été convaincus par leur sélection, bien au contraire. À la fin du match face à l’Ukraine, où la victoire était essentielle pour finir premier et ainsi être reversé dans la meilleure partie de tableau, ce sont des sifflés qui sont descendus des tribunes au moment où les joueurs belges s’apprêtaient à venir saluer leurs supporters. Le capitaine Kevin De Bruyne et ses coéquipiers ont alors décidé de rebrousser chemin, ce qui a fait monter encore un peu plus la pression. Réunion de crise au centre du terrain, un sélectionneur, Domenico Tedesco, très agité et chassant les caméras voulant filmer la scène, ce dernier à par ailleurs ressenti le besoin de justifier le manque d’ambition de son équipe : “Si on prenait un but, on était éliminés, on voulait éviter ça” avant d’ajouter “C’est une grosse surprise (les sifflets de ses supporters)… Ce n’est pas comme si j’avais sorti Doku pour faire rentrer un défenseur”. Les Belges n’abordent pas ce huitième de finale de la meilleure des manières, mais attention tout de même à une nation qui ne rêve que de se venger de l’élimination de 2018 avec la fameuse “démarche” de Samuel Umtiti.