LE BOXING DAY C’EST QUOI ?

Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas et vous allez entendre de plus en plus parler de Boxing Day… Un moment toujours particulier dans notre championnat. Mais qu’est ce donc que ce Boxing Day et pourquoi a-til été mis en place ? Pas seulement parce qu’en Angleterre, nous ne faisons rien comme les autres.

1860 : UNE ANNÉE HISTORIQUE

Cette tradition, vieille de plus de 150 ans, ne se limite pas à un simple événement sportif. Elle puise ses racines dans l’histoire même du football anglais. Le 26 décembre 1860, le Sheffield F.C., doyen des clubs fondé en 1857, croise le fer avec le Hallam F.C., son homologue créé en 1860, dans le tout premier derby interclubs. Ainsi naît le “Boxing Day”, une journée de rivalités sportives qui a résisté à l’épreuve du temps. Le terme s’étend aujourd’hui pour englober une période où les clubs enchaînent trois journées de championnat entre le 26 décembre et le 4 janvier. Des moments historiques ponctuent l’histoire du Boxing Day. La saison 1963-1964 reste gravée dans les mémoires, avec 157 buts marqués lors de 39 rencontres des deux premières divisions, dont 66 en Division One, l’ancêtre de la Premier League. Cette période intense est souvent révélatrice de l’identité du futur champion. Ceux qui sortent en tête de cette période de folie sont en grande majorité ceux qui seront sacrés en fin de saison. On dit souvent ici, que le championnat ne se gagne pas pendant le Boxing Day, mais qu’il peut facilement se perdre.

L’Angleterre, ce pays qui défie les normes et les conventions, célèbre chaque année le Boxing Day, une journée de football exceptionnelle ancrée dans son histoire depuis 1871. Nous roulons à gauche, nous ne voulons pas de la monnaie unique… Même au ballon, on n’en fait qu’à notre tête. Alors que la plupart des nations européennes se retirent pour profiter d’une méritée trêve hivernale, les Anglais, eux, se ruent vers les stades le 26 décembre pour une journée de festivités sportives sans égales.

UNE PRATIQUE ANCESTRALE

L’origine du terme énigmatique “Boxing Day” est enveloppée de mystère, mais plusieurs théories toutes aussi fascinantes les unes que les autres tentent d’expliquer cette appellation. L’une d’entre elles remonte au 19e siècle, une époque où les riches avaient l’habitude, le 26 décembre, d’offrir aux employés de maison des boîtes de Noël remplies de petits cadeaux, d’argent, voire de restes du somptueux repas de Noël. En quelque sorte, le Boxing Day était le jour du “13e salaire” pour ces bénéficiaires de largesses. Une autre théorie, datant du 16e siècle, évoque une pratique où des travailleurs modestes faisaient la tournée de leurs clients le 26 décembre pour récolter des pourboires. Cette collecte aurait donné naissance au terme “Boxing Day”, symbolisant un jour de charité et de générosité envers les moins fortunés.

UN BONHEUR NÉCESSAIRE

Ce football version fêtes de fin d’année est plébiscité par les supporters, attirant des foules enthousiastes dans les stades avec un taux de remplissage frôlant les 95 à 100%. Les audiences télévisées et les recettes sont garanties, faisant de cet événement un rendezvous incontournable dans le calendrier sportif. Cependant, malgré son attrait populaire, des figures majeures du football, telles que Sven Goran Eriksson, Sir Alex Ferguson, et récemment Jürgen Klopp, ont plaidé en vain pour l’instauration d’une trêve hivernale. Je crois que ce serait une erreur, tant cette tradition fait partie de l’ADN du football anglais et de ses fans. Je ne pourrais pas imaginer un Noël sans les matchs qui l’accompagnent. Ainsi, le Boxing Day perdure, conservant une vieille tradition chère au cœur des Britanniques. Chaque année, le 26 décembre met en lumière le meilleur championnat du monde, une Premier League et ses divisions inférieures qui veulent garder leur singularité. Au-delà du simple aspect sportif, le Boxing Day symbolise une journée de partage, de passion et de célébration, où le monde du football et les traditions ancestrales convergent pour créer un spectacle unique en son genre. Un moment hors du temps, qui en ces temps de crise, de violence, de marasme, de guerres aux quatre coins du monde, fait un bien fou…

LES PETITES HISTOIRES DU BOXING DAY

Maintenant que vous êtes devenus incollables sur l’origine du Boxing Day et sa place centrale dans la culture anglaise, il est temps pour moi de vous raconter les petites histoires qui ont rendu cette période encore plus spéciale.

SEUL AU MONDE

Le 25 décembre 1937, Chelsea affronte Charlton. Bien que la Fédération anglaise ait dû reporter plusieurs matchs en raison des conditions météorologiques, le duel entre les Blues et les Addicks peut avoir lieu. Une épaisse brume enveloppe le stade, gagnant en intensité minute après minute. À l’heure de jeu, l’arbitre interrompt la partie et renvoie les joueurs aux vestiaires de manière définitive. Cependant, Sam Bartram, le gardien de Charlton, demeure sur la pelouse. Personne ne le préviens et ne se rend compte qu’il n’est pas retourné dans les vestiaires. À mesure que les minutes passaient, les numéros de mes coéquipiers devenaient de plus en plus flous. Soudain, un policier s’approche de moi et me demande : ‘Mais, bon sang, que faites-vous encore ici ?’ Il m’informe que le match était terminé depuis vingt minutes… Quand je suis retourné aux vestiaires, mes coéquipiers, déjà douchés et habillés, éclataient de rire. Un moment de solitude mémorable”, a confessé Sam Bartram quelques années plus tard.

LENDEMAIN DE CUITE

Sir Alex Ferguson a acquis le statut de l’entraîneur le plus couronné d’Angleterre grâce à une gestion impeccable de ses joueurs. Réputé strict la majeure partie de l’année, l’Écossais savait néanmoins se montrer plus cool pendant la période des fêtes. Nani, ancien joueur de Manchester United de 2007 à 2015, a partagé son expérience en affirmant au média portugais Tribuna Expresso : “Je n’ai jamais eu de problèmes à propos des soirées (avec Ferguson). Si c’était le bon moment, par exemple, si j’avais un jour de congé le lendemain, alors je pouvais m’amuser. Les jours spéciaux comme Noël ou le Nouvel An, personne en Angleterre n’y prêtait attention. Le jour de l’An, nous pouvions même venir ivres à l’entraînement, et le coach s’en moquait.” Ainsi, tout avait son temps et sa place dans la philosophie de Ferguson

PLUIE DE BUTS

Les 66 buts du Boxing Day en 1963 ne constituent pas un exploit inégalé. En ce 25 décembre 1940, au cœur de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux joueurs se trouvaient aux fronts, laissant les équipes dans le besoin de trouver des remplaçants créatifs. Norwich se distingue à cette époque en faisant appel à des spectateurs, les invitant à descendre sur le terrain, enfiler un maillot, et défendre les couleurs de leur équipe lors du match contre Brighton. L’issue était prévisible : une défaite humiliante de 18-0 ! Cette saga se répéta à travers tout le pays, donnant lieu à une journée de Noël mémorable avec un total de 210 buts marqués. Bien que cet exploit ne soit pas officiellement reconnu, il demeure un témoignage singulier de cette période exceptionnelle.

BOWYER A LA MAISON

Lee Bowyer a souvent pu savourer les festivités de Noël sans le poids d’un match du Boxing Day sur les épaules. Entre 2002 et 2009, le milieu de terrain anglais, ayant évolué sous les couleurs de Leeds, West Ham, Newcastle et Birmingham, n’a foulé le terrain qu’une seule fois le 26 décembre. Presque systématiquement, il se retrouvait suspendu en raison d’accumulations de cartons jaunes. Son unique participation au Boxing Day au cours de cette période remonte à 2005, se soldant par une défaite 2-0 à Anfield. Cependant, même lors de cette année-là, Bowyer avait délibérément omis les matchs du 31 décembre et du 2 janvier, préférant célébrer le Nouvel An de manière plus détendue. Lorsque, interrogé par Jermaine Jenas en 2018, il a assuré que toutes ses suspensions n’étaient en rien planifiées. “Je ne m’efforçais pas délibérément de manquer un match en me disant que je raterais le Boxing Day”, a déclaré Bowyer avec un sourire. “Peut-être que j’étais simplement malchanceux.” Une version qui n’a convaincu que lui dans notre beau royaume.

Retour en haut