Par Sacha François
“La timidité est le défaut des petits hommes et l’arrogance, la vertu des grands.” Cette citation a son brin de vérité mais reste très discutable tant des carrières ont été gâchées à cause de ce type de comportement. L’arrogance en a amené certains au plus haut, comme un très reconnaissable suédois d’1m95, mais en a fait couler plus d’un, comme le bien ou mal aimé Mario Balotelli. Cette qualité ou ce défaut se fait de plus en plus rare chez les jeunes joueurs, qui semblent très attachés à leur image. Mais ce n’est pas le cas de Michael Olise, véritable révélation de ces dernières années en Première League. Toute l’interrogation est de savoir quel chemin choisira t’il ?
RECULER POUR MIEUX BRILLER
Natif de l’Ouest londonien, Olise a commencé chez les jeunes de Manchester City et de Chelsea, mais ne montre pas assez de détermination pour se faire une place au sein de la réserve et était surtout caractérisé par son caractère bien trempé, par nombre de ses entraîneurs. Il rejoint finalement Reading, club de deuxième division anglaise, un choix orchestré par son père qui pense bon pour son fils de faire ses preuves avec moins de pression. Mais le jeune Michael ne change pas pour autant. Son coéquipier à Reading , Yakou Meïté, confirme qu’il fallait parfois le rappeler à l’ordre. « Il a un caractère spécial et quand ça ne va pas dans son sens, il a tendance à s’énerver. Il avait des petites embrouilles avec le coach, rien de grave, mais je lui disais qu’aux entraînements, on ne fait pas seulement ce qu’on aime faire.» Le français fait finalement ses débuts en championnat à seulement 17 ans et c’est sous les ordres de l’entraîneur portugais José Gomes qu’Olise commence à gratter une place importante dans l’équipe première. Après trois saisons passées dans le club de l’Ouest londonien, Olise s’engage avec Crystal Palace en juillet 2021 et découvre enfin la première division anglaise et le très haut niveau. Sous les ordres du champion du monde et compatriote Patrick Vieira, Olise va se développer de plus en plus d’un point de vue mental et sportif, en montrant de réelles qualités de création et de discipline. Et en seulement 19 matchs cette saison la jeune pépite inscrit 10 buts et délivre 6 passes décisives en championnat et sera une des pièces maîtresses d’une fin de saison tonitruante des Eagles, notamment dû à l’arrivée du tacticien autrichien Oliver Glasner, qui leur permettra de finir 10e au classement. Une première depuis la saison 2014/2015.
Pour ce qui est des qualités du bonhomme, elles sont claires, un QI football au-delà de la moyenne et une qualité technique juste phénoménale. Michael adore avoir le contrôle du ballon, c’est un excellent dribbleur mais dans un style particulier. Il mise très souvent sur son explosivité pour laisser sur place son vis à vis et tente rarement des gestes fantasques. Sur ce point, il peut être comparé à un joueur comme Eden Hazard, ils ne sont pas des joueurs ultra rapides mais très véloces et techniques. Selon Sean Conlon, un ancien entraîneur de Olise, « Michael représente bien le joueur de l’ouest, il est très habile, intelligent, créatif et gracieux ».
En parlant de créativité Olise n’est pas un ailier traditionnel mais un véritable playmaker, ce qui ressort du jeu d’Olise, c’est son incroyable capacité à choisir les bonnes passes aux bons moments, mais aussi sa compréhension de l’endroit où il doit se positionner afin de devenir une figure influente dans une attaque. Olise est toujours en train de scruter son environnement, de trouver des espaces entre les lignes, d’anticiper avant de recevoir le ballon. Tous les traits d’un créateur inné. Ce genre de profil est rare et atypique, il peut nous rappeler un Jadon Sancho qui est un vrai ailier de métier mais avec beaucoup de responsabilité créative au sein de son équipe. Habituellement, ce rôle est dédié à un milieu de terrain ou à un joueur situé dans l’axe, comme un Kevin de Bruyne ou un Vitinha. D’un point de vue défensif, Olise n’est pas le genre de joueur à constamment presser son vis à vis et le pousser à l’erreur. Cela lui a d’ailleurs plusieurs fois porté préjudice dans sa jeune carrière où, après une perte de balle, il revenait en marchant. Son entraîneur de l’époque, Mark Bowen, décide donc de l’envoyer avec les U23 pour jouer milieu défensif. Un positionnement stratégique choisi afin qu’il se rende compte de la nécessité des efforts à fournir. « Je pense qu’il s’est rendu compte que si on perd le ballon dans cette transition de jeu, on ne peut pas simplement s’éteindre et lever ses bras en l’air en étant déçu. On a la responsabilité fondamentale de revenir pour son équipe, même chez les U23 ». Ses qualités défensives se situent désormais dans la lecture des mouvements de son adversaire, sa capacité de réaction lui permet d’intercepter beaucoup de ballons et même d’être un des meilleurs dans cet exercice, comme son homologue parisien Bradley Barcola, avec plus de 1,5 ballons contrés par match. Olise n’est pas le meilleur défenseur mais s’investit énormément et de manière intelligente.
Et pour finir, sa qualité de pied lui permet d’être un arme absolue sur coups de pieds arrêtés, sur les frappes de loin et les centres. Cet aspect de son jeu est une nouvelle fois inné chez lui, en démontre son magnifique doublé face à Manchester United en fin de saison. Cependant, beaucoup d’interrogations circulent autour del’ailier de 22 ans et celles-ci sont principalement liées à son comportement. Restera t’il un joueur impliqué tout le long d’une année, surtout s’il venait à être transféré dans un grand club ? Même si l’adolescent a depuis quelque temps laissé place à l’homme dans l’assiduité, Olise reste un joueur incontrôlable sur le terrain, notamment avec ses célébrations provocatrices à quasi chacun de ses buts. La question de l’entraîneur sera aussi primordiale, Olise doit avoir une relation de proximité avec son manageur, quelqu’un qui saura le motiver et trouver les mots justes pour le faire progresser et ne pas laisser son égo le submerger. L’autre interrogation est évidemment liée à son plus gros problème depuis le début de sa carrière : les blessures. Après une saison 22/23 pleine avec 37 matchs disputés en championnat dont 31 en tant que titulaire, Olise l’avait terminé de la pire des façons lors de l’Euro Espoir, où il se blesse gravement à l’ischio. Conclusion : 6 mois d’indisponibilité. Et même si son retour s’est bien passé avec une période du Boxing Day où le jeune londonien marchait sur l’eau. Olise est très rapidement retombé sur Terre avec une terrible rechute qui l’écartera cette fois 2 mois. Même si le talent est indéniable, son dossier semble tout de même être un pari pour le club qui voudra l’accueillir. Son style de jeu tellement particulier et explosif brusque visiblement son corps mais ne repousse pas les plus grands clubs pour autant.
L’EMBARRAS DU CHOIX
Déjà courtisé l’été dernier par certains des plus grands clubs du royaume, Olise n’a pas fait baisser sa côte depuis, et un départ semble très probable. Dans son nouveau contrat signé il y a moins d’un an, Olise touche désormais 6M/an et dispose d’une clause libératoire fixée à 60M de livres, une somme importante qui risque d’en faire réfléchir plus d’un et une rude bataille des salaires va éclater. Manchester United semble déterminé à accueillir le jeune Olise, actuellement en crise d’ailier, les mancuniens cherchent à renouveler leur effectif pour pouvoir viser plus qu’une coupe d’Angleterre obtenu par miracle à cause d’une cérémonie mal dirigée de leur voisin citizens. Le départ de Martial ou les mauvaises prestations d’un Marcus Rashford et d’un Anthony montrent les besoins cruels des Red Devils dans ce secteur. Le PSG semble lui aussi intéressé par le jeune français, notamment pour ajouter de la profondeur dans leur effectif, sachant que son profil colle assez bien avec le système Enrique. Reste à savoir si le tacticien espagnol aura les bons mots pour canaliser cette pépite.
Même si les discussions autour d’Olise sont principalement liées au mercato, une n’en reste pas moins importante, il s’agit de sa nationalité sportive. Et oui, depuis le début de ce papier je vous parle d’un joueur français mais le jeune homme n’a encore jamais disputé un match avec le groupe A. Certains auraient voulu le voir dès cet été à l’Euro, mais il faudra encore attendre, en espérant que Didier Deschamps l’appelle lors des futurs rassemblements en septembre prochain pour sécuriser ce talent qui a le choix avec 3 autres nations : l’Angleterre, l’Algérie et le Nigéria. Les prochains mois de la jeune carrière de Michael s’annoncent riches en rebondissements. Affaire à suivre…