L’Olympico reste un des rendez-vous les plus attendus de la saison, un duel chargé d’histoire et de passion. Mais cette fois, il revêt un enjeu particulier : redonner de l’élan à deux clubs en quête de certitudes. Entre un OM qui vacille après une période prometteuse et un OL englué dans l’anonymat de la Ligue 1, ce choc pourrait être un tournant pour les deux Olympiques.
Pendant quelques semaines, Marseille semblait inarrêtable. Les victoires significatives contre Lens, Monaco et Rennes avaient donné l’impression que l’équipe de Roberto de Zerbi avait enfin trouvé la formule magique. Une intensité retrouvée, une solidité défensive rassurante, et des joueurs clés, comme Greenwood ou Rabiot, capables de faire la différence dans les moments importants.
Mais les dernières rencontres ont laissé entrevoir des fissures. Le nul sans saveur contre Strasbourg et la défaite sans réelle révolte contre Nice ont rappelé que l’OM n’est pas à l’abri des coups de mou. Face à Lyon, la pression sera maximale : tout faux pas est interdit, surtout à domicile. Marseille doit retrouver son agressivité, son rythme, et reprendre sa marche en avant sous peine de voir ses ambitions de dauphin du PSG compromises.
De l’autre côté, la situation est encore plus critique pour l’OL. La victoire arrachée contre un Montpellier moribond et les matchs nuls frustrants face à Toulouse et Nantes ont replongé les supporters dans une réalité amère, Lyon n’est aujourd’hui qu’une équipe moyenne du championnat. L’espoir de voir enfin un déclic tarde à se concrétiser. Offensivement, l’équipe manque de créativité et de mordant. Défensivement, les erreurs se répètent. Pourtant, l’OL reste capable d’un exploit, et un match comme celui-ci peut être une source de motivation. Faire tomber l’OM au Vélodrome, c’est plus qu’un objectif sportif, c’est un moyen de prouver qu’ils peuvent encore exister dans les grands rendez-vous.
Pour l’OM, il s’agira de prouver que les derniers revers n’étaient qu’un accident de parcours et de relancer la dynamique positive qui semblait s’installer. Pour Lyon, c’est une question de fierté, l’opportunité de montrer qu’ils peuvent encore rivaliser avec les meilleurs, malgré les doutes qui entourent le club.
Dans ce duel sous tension, l’état d’esprit pourrait faire la différence. Si Marseille impose son rythme, galvanisé par un Vélodrome bouillant, l’OL risque de plier rapidement. Mais attention, Lyon reste dangereux lorsqu’on les croit à terre, et une surprise n’est jamais à exclure dans un Olympico.
DEUX RÉALITÉS DIFFÉRENTES
À Marseille, Pablo Longoria a posé les bases d’un projet ambitieux et cohérent. Avec une vision limpide, le président espagnol a redonné de la crédibilité et de la sérénité à un club historiquement sujet aux remous. L’OM, qui n’a pas hésité à investir massivement sur le marché des transferts ces derniers mois, s’est donné les moyens de jouer les premiers rôles, et les résultats sont là. Deuxième de Ligue 1, malgré des couacs récents, l’équipe avance dans la bonne direction.
Medhi Benatia, en tant que directeur sportif, joue également un rôle clé dans cette mécanique bien huilée. Critiqué parfois pour son franc-parler ou certaines décisions, il assume pleinement son rôle, protégeant joueurs et entraîneur des pressions extérieures. Une figure essentielle dans cet OM où chacun semble avoir sa place et son rôle clairement défini.

Et que dire de Roberto De Zerbi ? L’entraîneur italien a été placé dans les meilleures conditions depuis son arrivée. Avec la confiance totale de sa direction et des pleins pouvoirs pour façonner l’équipe à son image, il a pu imposer ses idées sans subir les remous qui, par le passé, ont souvent perturbé les techniciens passés par Marseille. L’OM, sans crise et sans vague, avance bien, posant pierre après pierre les bases d’un avenir ambitieux.
À Lyon, la situation est tout autre. La politique sportive ressemble davantage à un casse-tête qu’à un projet structuré. Depuis l’arrivée de John Textor, le club semble pris dans un tourbillon financier où le sportif passe bien souvent au second plan. Textor, qui jongle entre ses différents clubs (Lyon, Botafogo, Molenbeek…), donne l’impression de jouer à un Monopoly géant. Prêts, ventes croisées et montages financiers complexes attirent désormais l’attention de la DNCG, qui surveille de près les comptes de l’OL.
Cette obsession pour l’argent et les manœuvres financières nuit à la sérénité du club. Le projet sportif semble laissé en suspens, et sur le terrain, cela se ressent. L’équipe est souvent perdue, sans repères, à l’image de la gestion du club.
Pierre Sage, qui avait été vu comme un sauveur temporaire la saison dernière, est désormais hors course. Pour le remplacer, Paulo Fonseca va signer jusqu’en 2027. C’est une aussi belle opportunité pour le club que pour le Portugais, qui cherchera à redorer son blason après un épisode milanais compliqué. En France on garde un bon souvenir de son passage lillois, reste à appliquer ses principes dans une structure sportive lyonnaise très flou.
L’Olympico sera aussi le symbole de cette opposition structurelle. D’un côté, un OM organisé, ambitieux, qui sait où il va. De l’autre, un OL dans le doute, miné par une gestion chaotique où le sportif semble presque accessoire.
Si le football se joue sur le terrain, les décisions prises en coulisses finissent toujours par s’y refléter. Et dans ce duel des politiques sportives, il est difficile de ne pas voir l’OM en avance sur son rival lyonnais. Ce match ne sera pas seulement une bataille de 90 minutes : il illustrera, une fois de plus, l’écart grandissant entre deux clubs que tout semblait rapprocher il n’y a pas si longtemps.
UNE FAILLE À RÉGLER

Si l’OM de Roberto De Zerbi impressionne par ses intentions offensives et son ambition dans le jeu, un problème persistant vient ternir ce tableau : la défense. Depuis le 20 octobre, les Olympiens n’ont réussi que deux clean sheets, face à des adversaires loin d’être parmi les cadors de Ligue 1 : Montpellier et Saint-Étienne. Une statistique qui souligne l’un des principaux chantiers de De Zerbi : apprendre à fermer les portes quand il le faut. Difficile de ne pas pointer du doigt certains joueurs qui peinent à répondre aux attentes. Le cas le plus préoccupant reste celui de Brassier. Arrivé cet été en provenance de Brest avec l’étiquette d’une recrue prometteuse, le défenseur central vit une saison catastrophique sous ses nouvelles couleurs. Multipliant les erreurs, il n’est tout simplement pas au niveau attendu. Contre Nice le week-end dernier, il a une nouvelle fois coûté cher en étant directement impliqué sur l’ouverture du score d’Evann Guessand. À ses côtés, Leonardo Balerdi alterne le bon et le moins bon. Capable de prestations solides, il retombe parfois dans ses travers : un manque d’agressivité et de concentration qui pénalise son équipe dans les moments clés. Ces failles individuelles pèsent lourd dans une défense qui manque déjà de stabilité et de repères collectifs.
Mais au-delà des performances individuelles, les problèmes défensifs de l’OM trouvent aussi leur origine dans le style de jeu prôné par De Zerbi. L’entraîneur italien a fait un choix clair : jouer haut, presser intensément, et pousser son bloc vers l’avant. Une philosophie séduisante et ambitieuse, mais qui expose inévitablement la défense à des transitions rapides et aux ballons dans le dos.
Les adversaires, bien conscients de cette faiblesse, exploitent régulièrement les espaces laissés par un bloc olympien souvent trop étiré. Les contres, comme ceux subis face à Nice ou Strasbourg, sont devenus un véritable casse-tête pour les Marseillais. Rulli, souvent livré à lui-même dans sa cage, se retrouve régulièrement en situation d’urgence, à devoir sauver les meubles.
Le défi pour De Zerbi est clair : maintenir cette identité offensive qui fait la force de l’OM tout en trouvant un équilibre défensif plus solide. Cela passe par une meilleure gestion des transitions, une coordination accrue entre les lignes, et peut-être des ajustements dans le recrutement ou les choix tactiques. Le coach italien a prouvé qu’il savait faire évoluer ses équipes et s’adapter aux exigences du haut niveau. Mais pour espérer rivaliser avec les meilleurs, l’OM devra apprendre à manier l’art de l’attaque sans sacrifier sa solidité défensive.
Car si le potentiel offensif est là, les ambitions marseillaises risquent d’être bridées tant que cette fragilité défensive persistera. Le travail est encore long, mais le chantier est clair. Et pour un club qui aspire à jouer les premiers rôles, apprendre à “fermer les portes” n’est pas un luxe, mais une nécessité.