Le sommet de la troisième journée opposera le Paris SG au RC Lens au Parc des Princes. Le champion 2023 contre un dauphin qui l’a contesté presque jusqu’au bout, jusqu’à finir à un seul point ! Contexte totalement différent à l’entame de cette saison 2023/24 où ni Lens, ni même le PSG ne pointent parmi les premières places. Ce qui donne un aspect dramatique un tantinet exagéré à ce duel précoce.
La saison 2022/23 a écrit plusieurs vérités. Celle à venir est encore à écrire. L’an dernier, le PSG a d’abord écrasé la concurrence jusqu’à la Coupe du Monde. Puis l’inamovible champion est tombé à Bollaert sans discussion (1-3) dès le premier jour de l’an 2023. Et, dès lors, ce fut une autre saison durant laquelle c’est bien le RC Lens qui a été la vedette. D’abord en écartant l’OM de la deuxième place qualificative à la Ligue des Champions. Puis en revenant même à un souffle du champion. Lens aurait-il pu être champion l’an dernier ? La réponse est venue du Parc des Princes lors du match retour. Le manque d’habitude des grands matchs s’est alors fait sentir et, un carton rouge plus loin, le dernier suspense était évanoui. Mais le RC Lens a montré ensuite qu’il s’était nourri de cet échec. Il a parfaitement su gérer une fin de saison complexe avec plusieurs sommets à Bollaert. De là à être prêt à l’exploit au Parc ce samedi ? À vrai dire, ce début de saison 2023/24 offre un regain étonnant à la Ligue 1. Songez que le PSG a été leader l’an dernier durant… 38 journées. Il y a mieux comme suspense. Or, cette saison, c’est l’embellie. Brest en presque leader et les deux champions de l’an dernier (oui, Lens est une sorte de champion de « l’autre championnat ») sont loin. Ils n’ont même pas encore gagné un match. Le PSG a concédé deux matchs nuls et marqué seulement sur un penalty. Et Lens a même perdu (un peu par hasard, c’est vrai) à Brest. Et n’a même pas gagné à Bollaert, il est vrai contre Rennes. Pour compléter, le troisième larron de l’an dernier n’est guère plus brillant puisque, malgré un calendrier favorable, l’OM est tout juste mieux loti avec quatre points. Que se passe-t-il en Ligue 1 ? Toutes les valeurs seraient-elles remises en cause ? Non, bien sûr. Les valeurs acquises ont toutes les chances de reprendre leurs places d’ici l’automne. Simplement, les grosses cylindrées se préparent de plus en plus tard (Mercato : 1er septembre. Première échéance européenne : 15 septembre !) et sont plus atteignables en août. Tous les ans, l’OM change tout (entraîneur, moitié de l’effectif…). Parfois, ça prend vite, comme avec Tudor. Parfois, moins…
Ce phénomène est aussi particulièrement vrai pour le PSG qui a recruté très tardivement. Au point de n’aligner aucun attaquant titulaire lors de la première rencontre et un seul à l’entame de la seconde. Il faut dire que le PSG, s’étant, d’un seul coup, senti pousser un tout nouveau courage et une nouvelle stratégie, avait sorti le manuel « suicide, mode d’emploi » dans son traitement de sa vedette Kylian Mbappé. On ne sait quel ego a présidé à cette politique à l’exact inverse de tout ce que le PSG avait fait avec le même joueur depuis deux ans, mais on allait tranquillement droit dans le mur.
Et puis, alors même que les supporters soutenaient cette politique suicidaire (au nom d’on ne sait quelle « institution », un terme dont je ne suis pas sûr d’entendre une définition potable de la part de tous ceux qui en parlent à tue-tête !), certains dirigeants ont dû finir par réfléchir et trouver que, peut-être, gagner des matchs avait aussi un intérêt lorsqu’on est un club de foot. Mbappé est donc arrivé en sauveur pour le deuxième match à Toulouse. Mais ce goût du psychodrame permanent a joué des tours au PSG qui a réussi à concéder un penalty digne d’un U15 un peu naïf (1-1) ! Résultat : le PSG n’a guère que deux points, un de plus que le RC Lens. De quoi s’inquiéter ? J’ai un peu de mal à m’inquiéter pour l’un des 10 mastodontes européens qui sont en train de racoler tous les meilleurs joueurs du monde avec des budgets et transferts de fous. Et de sévères déficits, surtout en général pour les clubs qui recrutent le plus… Le PSG fait évidemment partie de cette famille des grands clubs qui emmèneront le foot en son tombeau. Mais quand on peut se permettre de mépriser Messi, Neymar ou Verratti, tout en recrutant 11 joueurs dont Ramos, Hernandez et l’inconstant, mais génial Ousmane Dembélé, cela devrait aller cette saison encore…
Mais, naturellement, cela ne nuira pas à la Ligue 1 que le PSG mette quelques journées à rejoindre la première place, voire bute sur un obstacle, Monaco ou un autre. On a beau dire, c’est quand même le suspense au plus haut du tableau qui attire le public. Dans ce cadre, le match PSG-Lens offrira une jolie dramatique. Qui va suivre le rythme des premiers ? Et, surtout, qui va décrocher (définitivement ?) du haut de tableau ?
Sur le vu des derniers matchs, je ne suis pas sûr de faire du PSG mon favori. Je m’amuse beaucoup des nombreux commentaires qui oppose le nouveau collectif parisien de Luis Enrique et le temps des stars, synonyme de désordre. Il faut une sacrée inculture du jeu pour aller sur ce terrain. Quand toute l’histoire du foot montre pourtant que les meilleurs collectifs de l’histoire (Real, Ajax, Milan, Barcelone…) ont toujours été valorisés par les stars, ceux qui finissent les actions. Bien sûr, cela suppose un intense travail. Et une adhésion des joueurs (y compris les vedettes) au projet de jeu. D’ailleurs, je ne vois pas bien au nom de quoi le seul PSG pourrait faire l’économie de ce travail. Et je ne vois pas bien non plus quelle star serait incapable de se plier à cela quand Di Stefano, Kopa, Puskas, Cruijff, Romario, Stoichkov, Van Basten, Gullit ou Messi l’ont fait sans rechigner en leur temps. Vous me direz, il n’a fallu que trois mi-temps aux quelques adeptes du nouveau collectif du PSG pour se dire qu’il faudrait quand même avoir quelques occasions si l’on voulait marquer un but. Je ne dévalorise en rien le travail de Luis Enrique en disant cela. J’apprécie tout à fait son travail, comme du temps du Barça et même de la Roja. Mais il sait bien mieux que nous tous que cela prend une toute autre dimension quand Messi-Neymar-Suarez rentrent dans la danse collective. Il le sait d’autant mieux qu’il s’est fait éreinter à la tête de la Roja après l’échec de 2022. Alors que l’explication était pourtant toute simple : il n’avait pas les talents devant ! Bref, abrégeons les évidences. Même si on est quand même surpris de devoir les rappeler au XXIe siècle, dans une époque où tout le monde est sensé savoir tout du football ! Le PSG mettra donc quelque temps à parfaire son projet de jeu. Et espérons seulement qu’il le tienne, ce que même de très bons entraîneurs comme Emery et Tuchel n’avaient pas réussi à faire, faute d’être soutenus par une direction aux convictions flageolantes et plus sensibles au pouvoir des joueurs. Si quelqu’un doit changer d’attitude, c’est bien plus du côté de la direction. Le comportement des joueurs n’en est qu’une conséquence.
En tout cas, une fois de plus, le potentiel du PSG est hors norme pour la Ligue 1. Je suis sidéré du peu de considération dont bénéficie Ousmane Dembélé. Bien sûr, son irrégularité l’empêche d’avoir les « fameuses stats » sans quoi vous n’êtes rien en cette époque. Sauf que Dembélé a une chose rare : le pouvoir de faire acheter un billet à un amoureux de foot qui a envie de voir des choses exceptionnelles, inattendues dans un stade. Au PSG, Neymar ou Messi ayant été balayés, c’est à coup sûr pour Dembélé que j’achèterais un billet. Bien sûr, je serai sans doute déçu plus d’une fois. Mais le privilège d’attendre l’exceptionnel n’appartient qu’à quelques joueurs sur cette planète. Et Dembélé en fait partie. En tout cas, avec Dembélé et Mbappé on peut évidemment enlever un match en deux actions. Même contre Lens… Mais on va aussi au stade pour voir de bonnes équipes avec un esprit positif. Le RC Lens de Franck Haise représente toujours cela cette saison. Un bonheur ! Si le déplacement à Brest a mal tourné, le match contre Rennes fut un excellent moment de football. Certes, Lens y a aussi laissé transparaître un petit manque de confiance comparé au souffle de la fin de saison 2022/23. Et je doute que le Racing soit capable d’une telle constance cette saison, à la fois en Ligue 1 et en Ligue des Champions.
En revanche, je ne doute pas que Lens continuera dans la même voie et gênera bien des équipes par le rythme et l’intensité qu’elle met dans les rencontres. Le genre de choses que détestait le PSG de l’an dernier. Une bonne occasion pour les Parisiens de montrer que le dossier est clos et que le nouveau PSG (le fameux collectif !) est bel et bien arrivé…