La saison de Premier avance à grands pas, l’heure pour notre Seb Vidal national de faire un premier bilan des forces et des faiblesses du meilleur championnat du monde.
Sébastien, on arrive bientôt au tiers de la saison en Premier League. Avec tout ce qui s’est passé depuis le début, quel est ton ressenti global ?
Franchement, cette saison est l’une des plus passionnantes que j’ai pu suivre ces dernières années. On s’est habitué à voir Manchester City dominer le championnat, mais cette fois, ce n’est pas le cas. Le fait qu’ils ne soient pas en tête ouvre énormément de perspectives. On assiste à une compétition beaucoup plus ouverte, avec des équipes ambitieuses qui saisissent leur chance. La course au titre s’annonce complètement folle, et c’est ce qui rend la Premier League unique. C’est imprévisible, et ça donne encore plus envie de suivre chaque journée avec attention.
Justement, parlons de Manchester City. Pour la première fois depuis longtemps, ils montrent quelques signes de faiblesse. À ton avis, qu’est-ce qui cloche chez les hommes de Guardiola cette saison ?
C’est vrai qu’il y a quelque chose de différent cette année. En général, City c’est le boss, le patron, mais cette saison, on sent une certaine fragilité, surtout défensive. L’absence de Rodri leur fait énormément de mal. Il est le véritable poumon de cette équipe, et sans lui, ils n’ont pas la même assise, la même solidité au milieu de terrain. Il apporte cet équilibre indispensable, et on voit bien qu’en son absence, City est plus vulnérable. Il y a des errements défensifs qu’on ne voyait pas auparavant, des moments d’inattention qui coûtent cher. Guardiola devra trouver des solutions, mais je ne les enterre pas pour autant. City a souvent montré qu’ils savaient monter en puissance en fin de saison, donc méfiance.
Si City est en difficulté, on voit d’autres équipes émerger. Tu as parlé d’une course au titre complètement folle. Qui sont tes favoris ?
Liverpool, sans aucun doute. Avec l’arrivée d’Arne Slot sur le banc, je dois dire que je suis vraiment impressionné. C’est un coach qu’on attendait plutôt en phase d’adaptation, mais il a réussi à imprimer son style de jeu immédiatement. Liverpool a retrouvé cette intensité qui les caractérise, un pressing constant et une attaque en feu. Ils sont redevenus cette machine à gagner, et ça, c’est grâce à Slot qui a su tirer le maximum de son groupe dès son arrivée. Il a redonné vie à des joueurs qui étaient un peu en perte de vitesse. Aujourd’hui, Liverpool est pour moi un candidat naturel au titre. Et City ou Arsenal ne devront pas les laisser filer trop loin, sinon ils ne les reverront jamais.
Chelsea aussi semble renaître cette saison avec Enzo Maresca. Que penses-tu de leur renouveau ?
Ah, Chelsea ! Quel plaisir de les voir jouer à nouveau avec une vraie identité. Enzo Maresca a fait des choix audacieux, et ça paie. On voit un Chelsea plus solide, mieux organisé. Ce que j’aime chez Maresca, c’est sa capacité à prendre des décisions fortes. Il n’a pas hésité à mettre Enzo Fernandez sur le banc à certains moments, ce qui montre qu’il est prêt à faire passer le collectif avant tout. Chelsea avait besoin de ce coup de fouet. Aujourd’hui, ils jouent un football plus fluide, plus collectif, et ça se voit dans les résultats. Le championnat anglais a besoin d’un Chelsea compétitif, et là, ils sont clairement de retour. Pour mon plus grand bonheur.
Arsenal est aussi dans la course. Pourtant, certains disent qu’il leur manque encore quelque chose pour jouer le titre…
Arsenal reste une équipe redoutable, mais je suis d’accord avec cette analyse. Ils sont toujours en embuscade, mais pour moi, il leur manque un vrai numéro 9. Quelqu’un capable de finir les actions, un tueur devant le but. Leur jeu est excellent, leur collectif est bien huilé, mais face à des équipes regroupées, ils peinent parfois à trouver la faille. Un attaquant d’envergure pourrait vraiment les amener au niveau supérieur. Néanmoins, ils sont toujours là, et je suis curieux de voir s’ils vont chercher à renforcer ce secteur lors du mercato d’hiver. Même si les bons numéros 9 au mercato d’hiver sont quasiment impossibles à trouver.
On ne peut pas ignorer le retour en forme de Newcastle, Aston Villa et Tottenham. Tu les vois jouer les trouble-fêtes jusqu’à la fin de la saison ?
Absolument ! Newcastle est de retour avec un niveau plus conforme à ses standards. Ils sont solides, bien organisés, et Eddie Howe a su construire une équipe plus solide qu’en fin de saison dernière. Aston Villa sous Unai Emery est toujours difficile à jouer, avec une discipline tactique exemplaire. Même si je m’agace souvent de leur incapacité à enchaîner les très bonnes performances. Quant à Tottenham, sous Ange Postecoglou, ils jouent un football résolument tourné vers l’offensive. Ils ont un effectif intéressant, et même si je pense qu’ils sont encore un cran en dessous des gros calibres, ils peuvent jouer les trouble-fêtes, c’est certain. La bataille pour les places européennes va être intense.
En parlant de déceptions, quelles équipes t’ont le plus surpris dans le mauvais sens cette saison ?
Les Wolves, sans hésitation. Avec l’effectif qu’ils ont, c’est incompréhensible de voir aussi peu de créativité et de jeu. Gary O’Neil semble à bout de souffle. On a un effectif de qualité, mais ça ne prend pas. Même si ça va mieux dernièrement, je pense qu’il faudrait un changement à la tête de l’équipe pour espérer se maintenir. Crystal Palace, c’est aussi un peu la déception. Ils ont un bon groupe, mais ça ne tourne pas comme prévu. J’espère qu’ils trouveront la clé avant qu’il ne soit trop tard.
Manchester United a aussi connu un début de saison mouvementé avec un changement d’entraîneur. Comment tu vois l’arrivée de Ruben Amorim ?
J’en ai parlé la semaine dernière dans ces mêmes pages. C’est un pari risqué, mais je peux comprendre ce choix de la part de la direction. Amorim a fait du bon travail au Portugal, mais la Premier League, c’est un tout autre monde. Il faut lui laisser du temps pour imposer sa philosophie. On sait que Manchester United a besoin de stabilité, et j’espère qu’il pourra leur en apporter. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faudra pas attendre des miracles tout de suite. Mais qui sait ? Avec un peu de temps, il pourrait bien relancer cette équipe.
Tu as évoqué des équipes surprenantes comme Nottingham Forest et Brighton. Que penses-tu de leur début de saison ?
Nottingham Forest, c’est vraiment la belle surprise de ce début de saison. Matz Sels, dans les cages, a été exceptionnel. Il a réalisé des arrêts décisifs, et il est une des raisons majeures de leur succès actuel. Wood, Murillo et autres, c’est une équipe sans starlettes qui joue avec le cœur et ça fonctionne. Brighton, de leur côté, continue d’étonner. Ils jouent toujours un football attractif, avec beaucoup de courage et d’intelligence tactique. Ce n’est pas une surprise pour moi, car je connais bien le club et leur manière de travailler depuis des années en Angleterre. Ils prouvent qu’on peut performer sans les moyens des grosses écuries.
Pour conclure, si tu devais faire ton équipe type de ce début de saison, quelle serait ta sélection ?
D’accord, je vais partir sur un 4-3-3. Dans les buts, je choisis Matz Sels, pour ses prestations incroyables avec Nottingham. En défense, Trevoh Chalobah à droite, qui s’épanouit enfin depuis son départ de Chelsea ; en charnière, Ibrahima Konaté, un véritable roc, et Gabriel d’Arsenal, pour son impact défensif et ses qualités dans le jeu aérien. Pedro Porro occupe le côté gauche, il est infatigable avec Tottenham.
Au milieu, c’est difficile de trancher, mais je vais opter pour Cole Palmer, qui brille à Chelsea. Il est le véritable chef d’orchestre de cette équipe. À ses côtés, Moisés Caicedo, qui a retrouvé un niveau exceptionnel, et Emile Smith Rowe, un joueur très intelligent qui redonne vie au jeu de Fulham. Enfin, en attaque, je mets Mohamed Salah, qui semble avoir retrouvé son meilleur niveau. Impossible de se passer d’Erling Haaland, le cyborg, toujours aussi efficace. Et pour compléter, Saka, qui est tout simplement le meilleur passeur de Premier League cette saison.