SIX KINGS SLAM, UNE ÉCONOMIE QUI FAIT PEUR

Le Six Kings Slam à Riyadh. Tout un sujet assez complexe et sensible à la fois. Ce genre d’événement cristallise beaucoup l’ATP notamment sur la question économique.

Ce genre d’événement cristallise beaucoup l’ATP forcément car Jannik Sinner vainqueur de l’exhibition repart avec plus de 6 Millions de dollars, ce qui représente entre 2 et 3 fois ce que vous pouvez gagner en Grand Chelem (Open d’Australie : $2,2 millions, Roland-Garros et Wimbledon : $2,7 millions, US Open : $3,6 millions environ). Cela pose une réelle question quant à l’avenir du tour professionnel, car si ce genre d’exhibition, voir pourquoi pas un tour parallèle à l’ATP ou la WTA voit le jour, quel avenir pour le Tennis ? Dans ce cadre précis, chaque joueur est venu en Arabie saoudite avec la garantie de gagner au moins 1,5 million de dollars.

Sur l’argent total généré par un tournoi du Grand Chelem, seulement environ 16-17% de cet argent repart chez les joueurs. Si on regarde en NBA ou en NHL on est sur 40 à 50% redistribué aux joueurs. Les sports américains en général et notre football sont sur des pourcentages bien plus haut ! Le tennis donc, peut offrir beaucoup plus au lieu que cet argent parte dans les entreprises de paris sportifs, les directeurs de tournois ou autres montages financiers.

Traduction, si l’argent était plus justement réparti pour les joueurs, l’ATP et la WTA ne seraient pas menacés de quoi que ce soit par des Tours parallèles ou exhibitions dantesques. Par conséquent je suis très curieux de voir comment tout çà va évoluer car il existe effectivement un risque. Un risque qui restera mesuré car peu de pays sont capables de lâcher des sommes aussi extrêmes, mais cela existe quand même comme à Riyadh.

Un spectacle au rendez-vous

Le pire c’est qu’en dehors du premier match Sinner-Medvedev, tous les matchs furent interessants. Forcément quand chaque match vaut entre 1 et 2 millions la gagne, ça peut stimuler les joueurs… les matchs furent donc accrochés avec de vraies batailles.

Le remake de la finale de Shanghai a montré que Djokovic redevient de plus en plus dangereux au fur et à mesure des matchs passant, et ce que je disais le weekend dernier, plus il va jouer plus son niveau va augmenter. L’ami Jannik Sinner n’était clairement pas la pour pousser la balle et avait une forte volonté de venir chercher la gagne face à ses rivaux, afin de continuer à les enfoncer mentalement. Cette fois Novak a pris un set lors d’une superbe bataille et je persiste à croire qu’il va falloir compter sur lui sur cette fin de saison. En indoor son niveau augmente et il semble physiquement affuté.

Sinner a remporté le titre en disposant d’Alcaraz en 3 sets sur une superbe bataille avec des frappes d’une violence extreme encore pendant toute la durée de la rencontre. Ces 2 là vont nous offrir du tennis spectacle pour des années je l’espère et je veux et souhaite qu’ils se retrouvent dés janvier à l’Open d’Australie car on a besoin de matchs mythiques en grand chelem. On en a pas eu depuis le Djokovic-Alcaraz de Wimbledon 2023 pour moi avec des rebondissements et des scénarios ou les joueurs jouent bien ensemble. Leur rencontre à Roland Garros en 1/2 finale fut frustrante car ils n’ont jamais bien joué ensemble.

Nadal – Djoko, Le dernier affrontement

Cette exhibition nous a offert un match croustillant pour la 3e place avec un Nadal-Djokovic, un dernier. Non-officiel bien sûr car cela reste une exhibition et ne comptera jamais dans leurs affrontements qui termineront bien à 31-29 en faveur de Novak (60 affrontements, j’espère que vous vous rendez compte de ce que cela représente…). Cependant, bien que le scénario ressemblait à celui des Jeux Olympiques à Roland Garros sur le score de 6/2 7/6, Rafa a montré qu’il jouait encore très bien et qu’il était capable encore de grandes choses. Le coup droit en bout de course « à la Rafa » à 5/5 au 2e set rappelait encore qu’il est le grand Rafa par moments.

Physiquement plus au niveau nécessaire pour gagner des Grands Chelems (ce qui explique pour moi son arrêt de carrière), contrairement à Djokovic (on le voit sur la balle de break à 4/4 au 2e set ou il tente une amortie qu’il n’aurait jamais faite par le passé), c’est toujours un bonheur de le voir faire les choses qui l’ont rendu célèbre sur le terrain sur ce dernier mois de carrière s’apparentant à une vraie dernière danse ! En espérant qu’elle soit la plus épique pour lui sur la phase finale de Coupe Davis !

Souvent le talent ne suffit pas

Je vais prendre un contrepied sur cet article de ce weekend pour vous parler d’un Coréen dont certains d’entre vous se souviennent peut-être : Hyeon Chung. Ex 18e mondial en 2018 et notamment vainqueur de Novak Djokovic à l’Open d’Australie 2018 où il ira jusqu’en demi-finales. J’ai vu son nom dans le tableau d’un future au Japon où il perd contre le Portugais Goncalo Oliveira, très bon joueur connu pour jouer 40 tournois par an depuis des années oscillant entre la 200e et la 300e place, en 3 sets.

La semaine précédente il perd au premier tour sur son tournoi de reprise contre un Japonais de bientôt 17 ans ayant pris son 1er point ATP sur ce match là…

J’étais extrêmement surpris de le retrouver pour une nouvelle tentative de come back. Le point que je veux soulever en parlant de lui c’est la difficulté extrême que représente ce sport. On parle d’un joueur qui a battu le meilleur de tous les temps dans son Grand Chelem préféré, qui a gagné la Next Gen (seuls des immenses joueurs l’ont gagné), qui était un potentiel top 10 voir vainqueur de Grand Chelem avec une hype énorme à ce moment la !

Voir un joueur de son niveau galérer à ce point la montre à quel point c’est difficile, à quel point il y’a des momentums à saisir dans une carrière et surtout : cela montre qu’énormément de joueurs pourraient ou auraient pu être beaucoup plus forts si certaines conditions avaient été réunies autour d’eux. Stephane Robert, français ex 50e mondial, m’avait dit que selon lui chaque joueur qui est dans le top 500 mondial aurait pu être dans les 10-20 mondiaux si certaines choses s’étaient alignées. Je ne peux qu’être d’accord ! Le tennis est un sport profondément difficile, mais surtout injuste !

Si vous avez l’argent pour vous payer, un coach, un prepa physique, un kine, s’offrir un suivi haut de gamme, et bien cela fait toute la différence ! Alors oui Chung a eu tout ça et malgré ça n’arrive pas à revenir au plus haut niveau, car il semblerait que son corps ne puisse pas supporter la charge que cela demande (une des nombreuses qualités pour faire du haut-niveau).

Cependant voir comme une carrière se joue à aussi peu, cela fait réfléchir. Certains joueurs que je connais personnellement sont beaucoup plus doués en termes de Tennis purs que d’autres qui sont dans les 10 ou 20. Cependant ça se joue sur beaucoup d’autres paramètres comme la capacité à s’entourer, ou alors aussi la chance d’être né au bon endroit… Si Roger Federer était né au Bangladesh avec le même talent, l’histoire aurait été différente sûrement. Tous ces paramètres sont nécessaires d’être pris en compte et c’est pour ça que je dis qu’il ne faut jamais juger les joueurs car on ne connait pas leur vie et ce qu’ils traversent. Cela reste un métier comme vous tous et ils ne doivent rien à personne en dehors d’eux-mêmes !

Cazaux fait le plein

Sur le circuit Challenger, Arthur Cazaux essaye d’engranger des points et de la confiance. Finaliste à Shenzhen et 1/4 de finaliste à Hangzhou, en Chine sur ces deux tournois, la situation n’est pas simple à gérer pour lui car il va défendre beaucoup de points en janvier avec sa victoire au challenger de Nouméa ainsi que son 1/8e de finale à l’Open d’Australie. Les enjeux sont importants pour lui et sa 87e place mondiale au moment où je vous écris est importante car elle va lui permettre d’être tranquille sur ses inscriptions de tournoi jusqu’a février (en ATP les inscriptions se font 6 semaines avant). Je pense sincèrement qu’à moins d’un accident ou un problème grave, il grappillera assez de points pour rester dans le top 100 et être serein à partir de la saison sur Terre Battue.

Lucas Pouille se retrouve à Saint brieuc après avoir très bien performé ces dernières semaines, mais cette fois il s’incline sur Benjamin Bonzi. Les deux frenchies avec Arthur Cazaux, portent le total de la saison à 53 présences françaises la même saison en finale de Challenger ce qui est un nouveau record mondial. Cela montre que le tennis français reste très fort et leader en terme de volume de très bons joueurs dans le monde. Ce n’est pas la même chose de gagner des Grands Chelems, attention ce n’est pas le même sujet. Je ne pense pas qu’on gagnera un Grand Chelem avant un long moment mais ce n’est pas ce critère qui définit un pays comme un pays de Tennis. C’est son nombre de pratiquants et de joueurs présents à haut niveau.

Laurent Rochette

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