POUR ENFIN RÊVER D’UNE NOUVELLE VICTOIRE FRANÇAISE À ROLAND GARROS

5 juin 1983, Yannick Noah remporte en 3 sets, le tournoi de Roland Garros face à Mats Wilander. Et comme une journée sans fin, les journalistes lui reposent la même question : à votre avis, quel joueur français va vous succéder au palmarès de « Roland » ? D’ailleurs, ils pourraient poser la même question à Mary Pierce, dernière tricolore à avoir soulevé le précieux trophée, le 10 juin 2000, après avoir battu Conchita Martinez en 2 sets. Masculin ou féminin, notre tennis national semble être dans la même impasse. Ils étaient 28 tricolores à prendre part à l’édition 2023 et en à peine, 2 tours, il n’en restait aucun.

Aucun Bleu dans le top 10 mondial, ni dans le Top 20. À 24 ans, Ugo Humbert pointe à la 40e place seulement. Au même âge, on trouve le norvégien Casper Ruud, 4e ou le grecque Tsitsipas, 5e. Pire, le numéro 1 mondial Alcaraz n’a que 20 ans, comme le danois Rune 6e. Et la situation est presque identique chez les filles. Car contrairement aux garçons, nous avions en Caroline Garcia, récente gagnante du Masters à Fort Worth (Texas), un sérieux espoir. Mais comme une fatalité, son « parcours » s’est arrêté au 2e tour, comme en 2022, 2021, 2019, 2016, 2013 et 2011. Faute de vouloir trop bien faire ou faute à trop de pression sur ses épaules ? En tout cas, hormis Garcia qui est 5e au classement WTA, faisons le constat qu’il n’y a que 3 autres françaises dans le Top 100 et qu’elles se trouvent au-delà de la 50e place : Alizé Cornet 62e, Diane Parry 79e et Clara Burel, 96e. À l’évidence, l’excuse des 3 fantastiques chez les hommes ne peut suffire à expliquer un tel déclassement. Pas plus l’explication du faible nombre de courts en terre battue qui serait pour certains, la cause des contreperformances Porte d’Auteuil ou l’explication des performances ibériques. Mais alors, comment expliquer que ces mêmes espagnols, rois de la terre battue, soient aussi redoutables sur le gazon ou le ciment ? Non, il est grand temps de revoir notre modèle. De bons formateurs français, il y en a … d’ailleurs ils s’exportent notamment au Canada, nouvelle place forte de la balle jaune. Si techniquement, nous savons former des sportifs de haut niveau, mentalement nous n’y sommes pas. Trop de confort, trop de copinage, pas assez de responsabilisation, pas de refus de la défaite, ni l’obsession d’effacer Yannick Noah, le dernier tricolore à avoir soulever la coupe des mousquetaires … il y a 40 ans déjà. Et puis, il y a notre culture « Poulidor », cette fâcheuse tendance à valoriser le beau perdant et à critiquer le prétentieux gagnant. Mais pour ça, il faudra probablement plus de 40 ans pour en changer ?

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